3 questions à… Maxime Lestien
En quoi la concertation est-elle un levier de transformation urbaine ?
Maxime Lestien : La concertation est un véritable levier de transformation urbaine : elle permet de passer d’un projet “sur plan” à un projet conçu “pour et avec” les habitants. Échanger avec le grand public ouvre un espace où les expertises techniques rencontrent l’expérience quotidienne des habitants. En dialoguant avec les usagers, on repère des habitudes et pratiques qui n’avaient pas forcément été identifiées, cela conduit par exemple à modifier le tracé d’un cheminement piéton pour l’adapter aux pratiques quotidiennes. Grace au dialogue, chacun peut exprimer ses attentes, partager ses usages et faire part de son point de vue. C’est de la confrontation des idées – qu’elles soient convergentes ou divergentes – que naissent des projets plus pertinents et qualitatifs car conçus ensemble et adaptés au plus grand nombre. En montrant comment les contributions sont prises en compte, en expliquant clairement les choix définitifs, l’échange avec toutes les parties prenantes facilite la compréhension et favorise l’appropriation collective des projets.
Pouvez-vous en donner des exemples d'engagement citoyen concrets ?
Maxime Lestien : Sur le projet de Paleficat – Rives de l’Hers, la concertation réglementaire liée à la création de la Zone d'Aménagement Concerté (ZAC) a été précédée d’une concertation volontaire où nous avons installé des règles de participation. Cela a donné lieu à la rédaction d'une charte coécrite avec les riverains et à la mise en place d’un comité composé de représentants des parties-prenantes ayant comme objectif de suivre et d'évaluer la concertation tout au long du projet. Cette instance, encadrée par un garant, doit permettre d'échanger régulièrement sur le cadre de la participation autour du projet : fréquence des réunions, modalités d'animation, documents à partager, etc. Une fois posées, ces "règles du jeu" facilitent la coopération et le dialogue bienveillant peut se concentrer sur le fond et gagner en richesse. Parmi les actions à l’étude et souhaitées par les habitants, un travail sur la mémoire du quartier pourrait alimenter la conception du projet et impliquer les élèves du collège voisin.
Autre exemple, sur un lieu d’urbanisme transitoire comme Place Commune à Grand Matabiau quais d’Oc, une logique de "programmation ouverte" permet aux habitants d’alimenter directement la grille des évènements du site. Le lieu permet également d’échanger de manière conviviale sur l’urbanisation du secteur ou d’expérimenter et de prototyper des solutions envisagées dans le cadre du projet urbain. Ainsi, le volet "cantine solidaire" testé par les gestionnaires de Place Commune participe à la réflexion autour du projet de tiers-lieu dédié à l’alimentation dans le cadre du Pôle d’Innovation Sociale porté par Toulouse Métropole.
Quel est l’intérêt du public pour ces démarches ?
Maxime Lestien : Nos rencontres participatives intéressent ! Il y a d’abord un noyau d’associations et d’habitants qui donnent régulièrement de leur temps, et qu’il faut vraiment remercier pour leur engagement. Nous cherchons constamment de nouveaux publics en adoptant des formats de concertation plus accessibles et variés. C’est pourquoi nous continuons à développer des outils pour attirer des publics plus éloignés des débats, comme les plus jeunes ou les parents. Les visites de chantier avec les classes permettent de faire de la pédagogie, de sensibiliser les enfants aux projets, et par ricochet, cela touche aussi les parents. Les stands de concertation sur l’espace public ou les questionnaires en ligne offrent la possibilité aux personnes qui ne viendraient pas aux ateliers "classiques" de s’exprimer et d’apporter leurs contributions. C’est notre responsabilité de maitre d’ouvrage de maintenir l’effort de mobilisation pour faire vivre nos évènements et concevoir des projets urbains partagés par le plus grand nombre.
Vous voulez en savoir plus sur nos méthodes de concertation avec les habitants ? Consultez notre article.
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